Conjoints de dirigeants d’entreprises familiales : de pièces rapportées à valeurs ajoutées 4 clés pour réussir

Couple gérant une entreprise familiale

Le conjoint, qu’il soit celui d’un actionnaire ou d’un dirigeant, est toujours dans une position particulière. On le sait, la pensée unique est l’un des pièges qui menace l’entreprise familiale ; ainsi, l’implication des conjoints d’actionnaires (dirigeants ou non), est-elle une dimension essentielle des entreprises familiales. La publication « Zoom sur les Conjoints de Dirigeants. À la croisée des enjeux personnels et entrepreneuriaux » par Valérie Denis, Eugénie Gillot et Marie Mahieu (2018) vient le confirmer, nous mettons en exergue quelques éléments clés ci-après.

La présence du conjoint auprès du dirigeant surprend parfois, perturbe de temps à autre, mais elle enrichit souvent, et peut préserver le dirigeant. Certaines familles l’ont bien compris en intégrant les conjoints à leur univers entrepreneurial, tant dans l’apport de nouvelles compétences dans l’entreprise que pour valoriser le rôle du conjoint comme supporter du dirigeant. Quand certains font le choix de rester dans l’ombre et ne sont définis qu’en tant que conjoints, d’autres prennent le risque de sortir de leur isolement pour rejoindre la lumière, sans nécessairement devenir opérationnels, selon des modes dont la diversité fait toute la richesse. Nul chemin mais seulement des voies, chaque famille devant trouver la sienne.

S’intéresser aux enjeux auxquels est confronté le conjoint du dirigeant (I), ainsi qu’à ses rôles (II), permet de tracer quelques axes pour que sa présence soit un facteur de réussite (III).

Petite histoire de grands enjeux

La rencontre de deux cultures ?

L’arrivée puis la présence du conjoint aux côtés du dirigeant s’accompagne bien souvent de réactions excessives de la part de sa belle-famille qui voit d’un mauvais œil l’intérêt qu’il peut porter à l’entreprise familiale et qui évalue minutieusement (et parfois sévèrement), sa capacité à endosser son rôle de conjoint du dirigeant.

Les appréciations oscillent de « soutien au dirigeant » à « menace pour l’entreprise… ». C’est pour la famille, l’apprentissage de l’altérité.

L’acceptation et l’entrée en jeu

À chaque conjoint son style et sa façon d’être dans ce nouvel environnement : au  conjoint  trouver sa place vis-à-vis de l’entreprise (avec l’appui de la famille) et au couple  trouver dans ce positionnement bien pesé une source d’équilibre et non de difficulté.

La naissance des enfants

Moment clé de l’implication du conjoint, la naissance des enfants projette immédiatement le conjoint dans un rôle de « co-acteur de la transmission » et relativise ipso facto le rôle prééminent joué jusqu’alors par le dirigeant.

La transmission

Du fait du rôle qu’il joue dans la transmission des valeurs et de la connaissance de l’entreprise, le conjoint est souvent un facilitateur de  succession. Son approche, différente de celle du dirigeant, complète la vision de la transmission pour en faire « l’affaire des deux parents », même si un seul dirige, et le conjoint trouve ici le terrain d’une légitimité précieuse et peu contestable.

Une position unique aux rôles divers des conjoints de dirigeants d’entreprise familiale

C’est chacun selon sa sensibilité et son parcours. Il serait illusoire de penser que les conjoints ont une approche unique de leur rôle. Il est cependant possible d’en dresser une typologie.

  • Le soutien émotionnel

Nécessaire soupape pour le dirigeant, il est partie prenante de la vie de l’entreprise de façon indirecte à travers sa bienveillance et les conseils qu’il prodigue. Le conjoint a généralement fait le choix de prendre en charge (ou de fait, prend en charge) un certain nombre de fonctions familiales. Il est clé dans l’équilibre entre famille et travail.

  • L’indépendant

En réaction par rapport à la « toute-puissance du dirigeant » qui assoit son emprise sur l’entreprise comme sur la famille, le conjoint cherche parfois à s’affirmer en prenant le contrepied. C’est bien souvent pour mettre ses forces à contribution dans un tout autre domaine : activité artistique ou bénévolat par exemple. Il arrive même qu’il porte un regard critique sur l’entreprise : souvent utile, rarement néfaste.

  • Le business partner

Qu’ils aient commencé l’aventure ensemble ou que son aide ait été sollicitée pour ses compétences, le conjoint est devenu indispensable à l’entreprise. Il est alors impliqué dans la gouvernance de la société familiale et son rôle est plus ou moins bien supporté par les autres membres de la famille.

Le rôle des conjoints est souvent un sujet traité spécifiquement par les actionnaires familiaux, en particulier dans les grandes familles. Les positions retenues varient en fonction des contextes et vont de leur exclusion totale des affaires, à leur implication comme « des familiaux » à l’égal des actionnaires jusque dans la gouvernance ou l’opérationnel, voire dans certains cas comme co-dirigeant de l’entreprise. Nous ne traitons pas dans cet article le cas du conjoint qui est/devient collaborateur, qui mériterait bien d’autres développements.

Parmi les rôles qui sont attribués au conjoint ou qu’il ou elle prend en charge (quand il ou elle ne joue pas de rôle direct dans ou aux côtés de l’entreprise donc), on retrouve :

  • La transmission des valeurs familiales
  • La facilitation de la communication
  • Le maintien d’une sphère privée, affective, culturelle etc…
  • Le réconfort (confident, réceptacle des difficultés et frustrations)
  • Le « sparring partner» du dirigeant, qui vient auprès de lui rompre son isolement et éprouver certains enjeux ou décisions

De l’ombre à la lumière : les 4 clés de la réussite pour valoriser la place des conjoints de dirigeants d’entreprise familiale

  1. Connaître l’entreprise

C’est la première étape pour le conjoint qui recueille des informations de manière plus ou moins formelle, de l’anecdote en dîner de famille aux documents et aux débats présentés en  conseil d’administration ou en Family Board, avec une aide à la « montée en puissance » très variable selon les familles…

  1. Éviter la porosité maison-travail

La proximité entre famille (même non opérationnelle) et monde de l’entreprise au sens large joue un rôle majeur dans l’affectio societatis, en particulier dans le cas des PME. Cependant, le maintien d’une sphère privée est essentiel. Le conjoint en est le garant  : Il relativise « l’hyper-présence » de l’entreprise.

  1. Communiquer

Le conjoint est une  source d’informations privilégiée pour le dirigeant quant à sa famille, et notamment ses enfants ; et pour la nouvelle génération, le regard du conjoint sur l’entreprise reste (relativement) libre, comparé à celui du dirigeant, baigné par les certitudes et les doutes de chef d’entreprise.

  1. Transmettre

La transmission transgénérationnelle est un enjeu de taille pour la pérennité des entreprises familiales. En tant que co-acteur de la transmission, le conjoint joue souvent le rôle de modérateur, désireux d’orienter la transmission dans la bonne direction et au bon rythme, pour que le dirigeant puisse passer le flambeau de façon progressive.

Oui, même non opérationnel, le conjoint du  dirigeant  d’entreprise familiale, peut jouer un rôle majeur dans l’ensemble du parcours de : création, déploiement et de transmission de l’entreprise.

Est-ce si bien (re)connu ?


Références / Pour aller plus loin :

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Les entretiens Family & Co

  • Cette analyse complète vise à examiner la situation réelle de l’actionnariat en profondeur, à partir d’un croisement d’entretiens individuels complets et structurés et de moments collectifs
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La matrice des enjeux

  • A partir du diagnostic partagé, les principaux enjeux sont identifiés et discutés
  • Ils sont ensuite hiérarchisés dans la matrice des enjeux de Family & Co (en savoir plus ici)
    La « Matrice des enjeux » classe ces derniers, quelle que soit leur nature, en fonction de la maîtrise qu’en ont les responsables et de l’impact que leur « non résolution » peut avoir sur la vie de la société… ou de la famille.

Le diagnostic initial

  • Le point de départ est le diagnostic effectué par le responsable, seul ou avec F&Co.
  • Celui-ci est ensuite partagé avec le Partner Family & Co, avec lequel il donne lieu à une lecture critique.
  • Le diagnostic est finalement co-construit, c’est-à-dire fait l’objet d’un consensus entre les deux.