Plus l’entreprise familiale grandit, plus l’actionnariat familial accroit sa diversité et se complexifie, avec de nouveaux actionnaires qui rejoignent l’aventure au fil des événements de la vie, des donations et des générations et qui n’ont, dans la plupart des cas, pas choisi d’être là.
Qui est l’actionnaire familial, cet « actionnaire de hasard » ? Sa motivation n’est pas traduite par une décision d’investir. Pourtant, on lui demande de rester…si possible longtemps. S’il ne peut pas « démissionner » … Il peut (doit ?) prendre en mains son destin. S’il n’a finalement jamais challengé sa motivation avant de devenir actionnaire, il doit cultiver sa motivation à rester actionnaire et trouver sa position au sein de l’actionnariat. Chaque actionnaire apporte ce qu’il est, individuellement, au projet collectif : cette diversité est une des caractéristiques premières de l’actionnariat familial.
Les différents types d’actionnaires
Nous avons pour habitude de catégoriser cette diversité en deux ensembles : diversité des profils d’un côté et diversité des rôles possibles de l’autre.
- Diversité des profils : le dirigeant dans l’entreprise ou à l’extérieur, le banquier, la tante de Limoges, l’étudiant, le rentier de Suisse etc… différents profils selon les générations, les expériences, la culture économique, les savoir-faire, les situations patrimoniales et de revenu, ou différents par le moteur de leur attachement à l’entreprise. Différents enfin vis à vis de certains avantages liés à la « position » d’actionnaire (dividendes etc.).
- Diversité des rôles possibles : l’associé dirigeant, l’associé collaborateur, l’associé administrateur, l’associé ambassadeur ou l’associé simple.
- Autant de rôles possibles pour l’actionnaire qui dépendent de son envie individuelle et de sa capacité à les jouer mais aussi des règles que l’actionnaire s’est (ou non) fixées au fil des années, générations.
Tous ne sont pas dirigeants, tous ne sont pas salariés, mais tous peuvent (et doivent) être de bons actionnaires. Pour cela il faut prendre son destin en main, se structurer, se former et se mettre au travail, ensemble.
D’où le danger peut-il venir avec la diversité de l’actionnariat familial?
Des actionnaires que l’on ne mobilise pas deviennent parfois des actionnaires qui se désintéressent et se détachent du projet, pour devenir potentiellement « en réaction » au fil du temps.
Les situations « à risque » les plus classiques issues de la diversité dans l’actionnariat :
- Distinction marquée entre les « sachants » et « non sachants » : j’ai une culture économique, voire je suis/ai été salarié de l’entreprise : j’ai le droit à la parole. Sinon non
- Distinction marquée entre « légitimes » et « non légitimes » : je suis issu de la bonne branche familiale, j’ai le droit à la parole, sinon non
- Distinction marquée entre les générations : « ils sont trop jeunes pour avoir la parole »
- Distinction marquée entre les genres : « les femmes – plus rarement les hommes… – n’ont pas le droit à la parole »
Le danger qui découle de ces situations viendra donc des associés eux-mêmes qui s’enferment dans leur logique ou d’actionnaires minoritaires se sentant maltraités voire plus en situation de porter le projet et qui se rebellent.
Créer, recréer un socle actionnarial
Travailler le « ciment actionnarial » en accordant leur importance aux deux temps :
- La formulation d’un projet
- La mise en œuvre effective
Dans ce but, il faut s’attacher à remettre les actionnaires en mouvement ensemble : les faire travailler pour la première fois ou retravailler à 5, 20, 50, 500. S’attacher à faire parler les silencieux, casser les habitudes de communication familiale : trop critiques, trop hiérarchiques, trop centrées sur la génération au pouvoir.
Comment faire travailler ensemble des profils potentiellement aussi divers ? En amenant chacun des actionnaires de l’actionnariat familial à respecter cette diversité et à se concentrer sur ce qui rassemble plus que sur ce qui distingue ou sépare…
La réflexion ouverte ainsi constitue une très belle opportunité de mobiliser « l’énergie actionnariale » autour d’une vision de long terme. Redonner la parole aux actionnaires, individuellement, les interroger sur le projet d’ensemble fédérateur est clé pour faire les bons choix. Cela permet aussi de clarifier les rôles et le poids de chacun, actionnaires fondateurs, autres actionnaires actuels, managers familiaux, cadres non-actionnaires…
L’enjeu c’est la place de l’actionnaire :
- Il est en place, il s’installe dans une lignée
- Il est partie prenante à une alliance claire entre associés
- L’actionnariat est vivant : il évolue ou peut évoluer (transmissions, autre associé, etc…) dans sa composition, ses attentes, son projet au fil des événements et des générations
- Il est à organiser / structurer : autour de modes de fonctionnement et de la gouvernance, pour composer un véritable « socle actionnarial » au projet de l’entreprise, en intégrant les évolutions décrites ci-avant
Une clé pour fédérer : le travail sur l’identité de l’actionnariat familial
Un actionnariat familial devient rapidement, au fil des générations ou des opérations en capital un actionnariat diversifié. Pour un tel actionnariat, le travail sur l’identité est fondamental (Qui ?) qui trop souvent négligé conduit lentement (ou brusquement si l’entreprise traverse des difficultés) un groupe d’actionnaires dans l’impasse. En partant de cette identité, on peut définir le projet d’ensemble et le besoin (Quoi et Pourquoi ?). Ensuite travailler l’actionnariat adéquat puis la gouvernance / l’organisation (Comment ?) : savoir réfléchir / anticiper / organiser / agir
Enfin, définir le toucher de balle de l’actionnaire dans sa manière de suivre ses business et de transmettre son esprit et ses valeurs (Comment ?). Dans tous les cas, il est nécessaire de développer l’esprit actionnarial autour de ces sujets et de rendre les actionnaires et les managers familiaux acteurs de leur identité.
Références / Pour aller plus loin :
- Publication Family & Co – INFOGRAPHIE : Les 7 mauvais réflexes des entreprises familiales
- Publication Family & Co – Les 10 commandements pour la pérennité des entreprises familiales
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