Le 11 Octobre 2018 dernier avait lieu à l’AccorHotels Arena (Paris) la 4ème édition de BPI France#InnoGénération (BIG), événement rassemblant près de 40 000 entrepreneurs (Start-up, PME, ETI). Pour l’occasion, BPI France et La FrenchFab ont invité deux de nos partners, Nadia Nardonnet (qui intervenait au titre du Transmission Lab) et Laurent Allard (gérant de Family & Co) à partager quelques éléments sur la transmission d’entreprise.
Retrouvez l’intégralité de notre intervention ci-dessous ou en suivant le lien suivant : Intervention Family & Co à la FrenchFab BPI Innogération
La Transmission d’entreprise : d’abord un projet à écrire collectivement !Pour ouvrir le sujet, un premier effort consiste à dépasser les tabous et fausses évidences qui s’imposent souvent, dont voici quelques exemples :
- Ma succession n’est pas un problème, on verra plus tard, je suis jeune,
- Mon entreprise c’est moi, …
- Je ne veux pas embêter mes enfants avec ces sujets… c’est trop tôt…
- Mon ainé doit reprendre / aucun de mes enfants ne peut reprendre, ils ne veulent pas, n’y pensent pas, n’aiment pas mon métier, ils s’arrangeront après moi…
- Transmettre le pouvoir en famille, c’est un processus naturel …
Si vous avez déjà eu de telles pensées, c’est le moment d’ouvrir (vraiment) la réflexion !
Lors de notre intervention, nous avons souhaité porter quatre principaux messages :
- La transmission est inéluctable, c’est un rdv pris dès la création de l’entreprise ou sa reprise !
- La transmission passe par un travail sur l’identité : « ce que je suis » est différent de « ce que je fais »
- La transmission, c’est passer d’une aventure individuelle à un projet collectif (stratégie, valeurs…)
- La transmission c’est un changement de posture : de l’incarnation à l’accompagnement, pour fédérer un socle actionnarial puissant pour le nouveau projet !
La transmission peut prendre plusieurs visages, d’autant qu’elle doit avoir lieu dans trois domaines à articuler entre eux : capital – pouvoir – savoir-faire. Elle peut ainsi passer par une cession à des tiers, par une passation en famille, par une transmission du capital en famille et du pouvoir à un manager non familial etc., les possibilités sont multiples. Un point commun : la transmission par passe par l’écriture d’un nouveau projet.
C’est pour cela que nous parlons de plus en plus souvent de TRANSFOR-MISSION : la transmission – transformation s’ouvre avec l’écriture de ce projet associant les nouvelles parties prenantes (en fonction des cas, les enfants, actionnaires, salariés… ou tous ensemble). Il s’agit donc d’un processus de transmission, opéré par l’ajout de la valeur et de la vision portées par les nouveaux arrivants, engageant donc cette transformation. Ainsi les nouveaux acteurs du projet se le réapproprient pour qu’il devienne véritablement leur projet (oser être soi-même pour apporter toute sa valeur ajoutée et sortir de la simple reproduction du modèle existant).
Les participants à notre atelier ont posé trois questions, qui nous ont chacune permis d’éclairer le sujet sous une nouvelle facette :
1) La charte des actionnaires est-elle un document à valeur juridique ?
La charte familiale est une sorte de « constitution » familiale, elle matérialise un engagement et l’ensemble des règles que la famille se donne pour piloter l’aventure familiale et se donner des modes de fonctionnement. Une charte c’est un projet, une ambition et toutes les règles qui régissent la vie de l’actionnariat familial. Ce n’est pas un pacte d’actionnaires. Il arrive qu’on assiste à la création d’un family board pour faire vivre cette charte.
2) Concernant le sujet de transmission, peut-on avoir l’hypothèse d’un fondateur qui souhaite transmettre un projet de fondation à ses enfants et non une entreprise et ses actifs ?
La fondation actionnaire est encore minoritaire en France comparé à nos pays voisins (Allemagne, Hollande etc.) La loi PACTE devrait faciliter la création des fondations d’actionnaires, utiles dans le cas de certaines transmissions.
De plus en plus, les actionnaires prennent conscience de leur pouvoir pour avoir un impact et donner du sens à une dynamique d’entreprise pour aller porter et soutenir des causes sur la base du succès économique porté par l’entreprise. Les actionnaires se saisissent de la RSE, à leur niveau (lire notre article sur la responsabilité sociétale de l’actionnaire).
3) La loi PACTE va-t-elle aider les transmissions ?
La loi Pacte a pour but de mieux accompagner la croissance des entreprises, faciliter le rebond des entreprises et des entrepreneurs et rendre les transmissions d’entreprises plus fluides notamment avec une redistribution des cartes concernant les pactes Dutreil ou l’ouvertures sur les fondations actionnaires. A suivre donc.
La transmission doit être vue comme une chance pour s’interroger sur le sens de votre projet et de votre entreprise. S’il ne fallait retenir que deux mots de notre intervention sur la transmission : ANTICIPEZ et PRÉPAREZ !
Co-rédacteurs de cet article