Les actionnaires familiaux peuvent être considérés comme des actionnaires “de hasard”. IIs n’ont en effet, la plupart du temps, pas choisi de recevoir leurs titres, et pourtant :
- on leur demande de les conserver longtemps (voire d’en être les simples “passeurs” pour la génération à venir),
- ils peuvent en subir quelques conséquences directes (relations familiales impactées, image, fiscalité etc…) parfois sans avantage perçu, même financier (en effet, il arrive bien souvent que l’actionnaire ne puisse pas céder ses titres et ne reçoive pas de dividendes…).
Cette situation peut créer un effet “cocotte-minute” et dans ce cas, gare aux effets de l’échappement de pression ! De là, quelles recettes secrètes les actionnariats familiaux durables déploient-ils ? Comment faire de ces actionnaires familiaux, dans toute leur diversité, un collectif motivé à porter le projet commun ?
La réponse principale réside dans l’exploration des aspirations individuelles et collectives et leur combinaison dans un projet d’actionnaires familiaux collectif vivant.
En effet vouloir fédérer les actionnaires familiaux passe par l’élaboration d’un projet spécifique. L’individu, quelles que soient sa personnalité et ses aspirations, doit se sentir en adéquation, que ce soit du fait des valeurs portées, de l’identité incarnée, des objectifs poursuivis, du produit proposé, de l’apport de l’entreprise dans la société etc…
Tous ne sont pas animés par les mêmes aspects du projet. Tous partagent cependant l’ensemble du projet. Ce projet affirme les buts que les actionnaires familiaux souhaitent donner à leur action collective avec l’entreprise, leurs ambitions mais aussi les moyens et l’organisation à actionner pour les porter ensemble.
Ainsi chaque actionnaire familial place ou retrouve un peu de lui-même dans le projet collectif, c’est ce qui crée l’adhésion. Jusqu’où et comment cette intégration des aspirations individuelles dans le projet collectif peut-elle, doit-elle se faire ?
Le dialogue entre aspirations individuelles et collectives
Le projet commun est une sorte de plus grand dénominateur commun familial.
Ce projet commun précise ce qui relève du collectif et en creux (ou de façon tout aussi explicite en fonction des situations) ce qui peut relever de l’individuel avec deux niveaux de questionnement : les aspirations sur le fond du projet et les aspirations sur le rôle et l’implication de chacun.
Au premier jour, il faut donc parvenir à recueillir ou identifier ces aspirations. C’est très difficile de faire s’exprimer vraiment les actionnaires familiaux sur leurs aspirations sans l’intervention d’un tiers de confiance qui va pouvoir entendre sans divulguer, accompagner, objectiver, traduire, peser les idées exprimées à l’échelle du collectif etc… En effet, il peut être très compliqué, en famille, d’affirmer par exemple un objectif personnel sur le train de vie ou d’afficher une ambition personnelle autour d’un rôle dans l’organisation familiale.
Il convient donc de prendre le temps et d’alterner séquences en individuel et en collectif, avec des regards extérieurs, pour révéler ces aspirations individuelles et collectives tout en embarquant les individus dans la démarche d’élaboration du projet commun.