Mais d’abord qu’est-ce qu’un actionnaire responsable ?
L’actionnaire familial pourrait être vu comme un “actionnaire de hasard” : passé la 1ère génération, il n’est généralement actionnaire que parce qu’il est l’héritier d’un(e) entrepreneur(e). Il n’a pas toujours eu a exprimer une motivation ou un projet de devenir actionnaire. Il est actionnaire aux côtés d’autres familiaux, dont certains peuvent être opérationnels, mais pas forcément lui-même, ce qui fait qu’il peut avoir un lien distant avec l’entreprise.
Ces actionnaires, ensemble, composent un collectif, vu comme l’actionnariat familial, souvent porteur d’une grande diversité (de profils, attentes, patrimoines, etc.). Ce collectif doit trouver le moyen de fonctionner afin de jouer le rôle d’actionnaire de contrôle comme un tout et pas simplement comme un assemblage de parties.
Cette position d’actionnaire emporte pour la personne et sa famille quatre dimensions importantes et peut les impacter positivement ou négativement : la dimension familiale ou relationnelle, la dimension patrimoniale, la dimension actionnariale et la dimension opérationnelle. Ne pas s’intéresser à cette position actionnariale peut ainsi s’avérer risqué pour un familial, compte tenu des sujets fondamentaux qu’elle implique et entremêle.
L’actionnaire familial devra donc “endosser” cette position d’actionnaire par une réflexion, une curiosité, un travail et pourquoi pas un parcours initiatique.
Un actionnaire en conscience
Le fait d’agir en actionnaire responsable nous semble passer en premier lieu par cette prise de conscience qui conduit chacun à trouver sa légitimité et à assumer sa responsabilité de jouer son rôle, à titre individuel, aussi bien qu’à titre collectif.
Le collectif des actionnaires familiaux, avec toute la diversité qu’il porte, doit ainsi trouver le bon chemin et la bonne organisation pour fonctionner et jouer son rôle d’actionnaire de contrôle ou de référence.
Reconnaissant l’héritage reçu, cet actionnaire “en conscience” s’engage donc, a minima, à réfléchir à sa place dans le collectif des actionnaires et à collaborer. Il s’efforce d’équilibrer les intérêts personnels et collectifs pour assurer la pérennité “du tout”.
Responsable vis-à-vis de qui ?
Les actionnaires en “conscience” reconnaissent leur position dans un écosystème de parties prenantes. Cet écosystème se compose bien sûr des autres actionnaires, incluant à la fois les membres de sa famille et, le cas échéant, des branches minoritaires, ainsi que des dirigeants et employés actionnaires. Pour les entreprises cotées, ce cercle s’élargit aux investisseurs professionnels et individuels divers. Bien sûr, le concept de parties prenantes s’étend bien au-delà pour englober tous ceux qui sont impliqués dans le projet de l’entreprise : les employés, les clients, les fournisseurs, les créanciers, les autorités de régulation, les communautés locales et autres associations, les pouvoirs publics…
Il incombe aux actionnaires de reconnaître, valoriser ces relations et de comprendre que le succès de l’entreprise est étroitement lié à celui de l’ensemble de ces parties prenantes. Naturellement, l’actionnariat familial n’est ni outillé, ni structuré de manière à répondre automatiquement à cette responsabilité ni à interagir de manière coordonnée avec l’ensemble de ces acteurs externes. Il doit donc y travailler.